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Instinct voyageur

Contaminé par le virus le plus agréable qui existe...

La galère se prolonge, même en mer

Publié le 16 Juillet 2022 par Julien

Maintirano est une petite ville où je n'ai pas l'intention de rester longtemps. Il n'y a rien de spécial à faire ici. Dès mon arrivée, j'étudie donc les options pour quitter cet endroit par la mer en direction de Mahajanga. Il y a des boutres (voilier à deux mats) qui partent régulièrement donc ça ne devrait pas être un problème de voyager. Il y a aussi un bateau rapide qui va passer la semaine prochaine. Je n'attendrai pas jusque là... Du moins, c'est ce que je pensais au début...

Je prévois un départ le vendredi ou le samedi. J'ai discuté avec les marins le jeudi et tout semblait ok pour coller à mon programme. Mais, lorsque je vais au port vendredi, on m'annonce qu'il n'y a pas d'eau dans le chenal donc les boutres ne peuvent ni entrer ni sortir. Le programme des marées est formel, les bateaux ne pourront pas utiliser le chenal avant mardi prochain!

Mon organisation en est chamboulée et bien que je m'étais juré de ne pas voyager par la terre, j'étudie quand même cette option... 3 jours de voyages sur une piste horrible pour atteindre Tana avant de repartir sur un voyage de 11-12h pour finalement rejoindre Mahajanga. Au total, près de 1000km de voyage. C'est mort! J'ai encore des courbatures de ma précédentes aventure terrestre, je préfère végéter dans ce village plutôt que de prendre la piste à nouveau. 

Je reste ici et j'explore donc de façon approfondie Maintirano et ses environs. La plage, les dunes, les ruelles, la route du port, j'ai l'impression de connaitre chaque recoins de la ville. 

J'essaie de prendre mon emprisonnement avec philosophie et de profiter quand même de mon temps ici. J'assiste aux rituels de la vie quotidienne : les parties de pétanque le soir à la lumière d'un lampadaire, les étals de poissons le matin au retour de la pêche, les gargottes et les bar remplis de locaux à la tombée de la nuit. 

Cela dit, le temps est quand même long sans internet et sans aucune activité à faire... Les journées ici sont assez ennuyeuses. 

Finalement, après 8 jours ici, je réussi à prendre le bateau rapide dont on m'avais parlé au départ. C'est un cargo qui prend des marchandises et des passagers. L'organisation est médiocre et nous sommes plus de 200 passagers dans un espaces très réduit. Rapidement, ce cargo prend des allures d'expédition migratoire... Heureusement, nous ne traverserons pas de frontière. 

Le voyage a duré 36 heures. Ce sont 36 heures pendant lesquelles la notion de confort n'existe pas, l'idée d'espace personnel non plus et l'hygiène est déplorable. Les gens malades vomissent sur le pont, les hommes trop paresseux pour aller faire la queue aux toilettes vident leur vessie sur le pont également, idem pour les enfants qui préviennent à la dernière minute. Je suis surpris, mais par chance je n'ai vu personne faire la grosse commission au grand jour. 

Comme dans les films, une femme enceinte jusque au dent a des contractions sévères après quelques heures de voyage. Et, comme dans les films, un sage femme est présente parmi les passagers et vient donner naissance à une petite fille à l'aube du premier jour! A part ça, les marins jouent aux dominos avec les passagers et quand il y a trop de soleil on tend des cordes où les passagers accrochent leur couverture.

On arrive à Mahajanga vers 5h du matin le samedi 16. Je reconnecte enfin avec la civilisation. C'est le soulagement! 

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